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Historique

Un peu d'histoire...

La Durance arrose aussi bien les raies de haricots du jardin que les pommiers de Cavaillon, les prés de la Crau comme de Pelissanne, ou encore le Grand Marseille.

Par la force des choses le partage de ce bonheur a créé des jalousies ! Les gens du Vaucluse faisaient des barrages qui volaient l’eau à ceux des Bouches-du-Rhône et ces derniers volaient l’eau des Vauclusiens. Eau revendiquée aussi par les habitants des Hautes et Basses Alpes comme leur appartenant.

En 1907, la IIIème République décide de mettre de l’ordre dans ces histoires de croquants, et met en place une commission souveraine, la CED pour répartir la pénurie de façon équitable entre les canaux. Après plus d’un siècle de fonctionnement déjà, la CED reste toujours active et appréciée pour gérer le partage de l’eau en Provence.

Documents
- Loi du 11 juillet 1907
- Décret du 14 août 1908

LES CANAUX DE BASSE DURANCE

L’ensemble constitué par les canaux de la Basse Durance représente un aménagement considérable dont la réalisation s’est étalée sur presque un millénaire :

- l’ouvrage qui passe pour le plus ancien est le Canal de St-Julien. C’est en mai 1171 que Raymond V, Duc de Narbonne, Comte de Toulouse et Marquis de Provence, concède à l’Evêque de Cavaillon, le droit de dériver la Durance pour établir des moulins à farine. Il fallut ensuite près de 70 ans pour que l’Evêque de Cavaillon accorde aux riverains du Canal le droit d’utiliser l’eau pour l’arrosage de leurs terrains, les jours où les moulins n’étaient pas utilisés (dimanche…)

- le 17 août 1554, Adam de Craponne est autorisé à dériver les eaux de la Durance : son but est de permettre la réalisation de moulins actionnés par l’eau. L’unité de mesure est le « moulan », c’est à dire le débit d’eau nécessaire pour faire tourner une meule. A cette époque encore, l’usage de l’eau pour l’arrosage des cultures ne sera qu’un sous-produit de l’utilisation énergétique de l’eau.

- il faut attendre la période post-révolutionnaire pour voir la création d’ouvrages dont l’objet est la mise à l’irrigation de terrains peu productifs à l’état naturel : c’est le cas du Canal de Carpentras, par exemple, dont le décret constitutif, daté du 15 février 1853, stipule dans son article 1er « les propriétaires compris dans les tests de souscriptions visés, en date du 3 décembre 1850 et du 15 octobre 1852, sont autorisés à se réunir en association syndicale… dans le but d’établir un canal destiné à arroser au moyen des eaux dérivées de la Durance, le territoire des communes de……… »

- les 15 concessions attribuées de 1783 à 1836, antérieures à celles obtenues au titre de la Branche Septentrionale du Canal des Alpines, sont libellées en moulans ou fractions de « moulans ». Le moulan équivaut à 265,65 litres/seconde. C’est en gros l’équivalent du baril. Ces capacités sont dérivées de celles des fûts de l’époque. Sur ces 15 concessions, 4 sont explicitement destinées à des associations d’arrosage, tandis que 5 le sont à des moulins.

L’essor économique, sans précédent, du 19ème siècle change la donne : la Chambre de Commerce de Marseille, le Conseil Général des Bouches du Rhône, la Ville de Marseille prennent conscience du facteur limitant que constitue le manque d’eau et obtiennent les concessions du Canal de Marseille :

 

 4 juillet 1838  5,75 m3/seconde
 25 mai 1864  1,00 m3/seconde
19 juin 1867  2,25 m3/seconde
Total  9,00 m3/seconde

 

Le Canal de Marseille devient un des moteurs du développement de la ville qui ne disposait avant 1836 que des ressources limitées de l’Huveaune.

Si l’on devait résumer l’évolution des motivations à l’origine de la dérivation des eaux de la Basse Durance, on peut dire que du Moyen Age à 1830, celles-ci reposaient sur la recherche de la force motrice et l’utilisation de l’eau pour l’irrigation n’en constituait qu’une sorte de sous-produit, et que c’est seulement à partir de 1830 que l’eau de la Durance est dérivée pour l’alimentation en eau des villes (Marseille – Martigues) et qu’à cette même époque (Canal des Alpines et Carpentras), la fonction irrigation justifie l’aménagement de nouveaux canaux.

Ces brefs rappels historiques montrent qu’il a fallu attendre la moitié du 19ème siècle pour que l’irrigation des terres soit le principal objet de l’aménagement des canaux dérivés de la Durance.

Il apparaît donc que, dans la plupart des cas, et ce au moins jusqu’à la Monarchie de juillet, l’objet de la création des canaux n’était pas de nature agricole mais énergétique.